Le voile à l’école
La
France est l’un des très rares pays où la laïcité soit posée comme un des
principes fondateurs de l’État, comme une valeur républicaine complétant en
quelque sorte la trilogie de 1789 : liberté, égalité, fraternité, laïcité.
Si
l’on s’est affronté autour des trois premières, la laïcité seule a divisé le
pays en deux camps, suscité des oppositions aussi extrêmes et des mobilisations
aussi larges. Pourquoi cette particularité française ? Bien sûr,
l’histoire à travers ses batailles et nos différends idéologiques, mais aussi
les interrogations sur la place et le statut de la religion dans la société
fournissent les explications majeures.
Mais
comment ne pas relever en même temps que, curieusement, l’objet des combats est
resté imprécis tant était incertaine la conception même de la laïcité ?
Napoléon y trouvait un moyen de subordonner le religieux au politique, d’autres
au contraire y voyaient l’expression de la nécessaire neutralité en face du
problème religieux, alors que certains lui conféraient un fondement rationnel,
permettant de définir une morale sociale avec les hésitations inévitables sur
son contenu. Les uns étaient simplement anticléricaux, d’autres s’affirmaient
antireligieux.
Qu’en
est-il aujourd’hui ? Le climat s’est apaisé. La querelle scolaire, zone
des plus fortes turbulences, depuis plus d’un siècle, a trouvé dès la IVe
République dans le droit un certain nombre d’accommodements, qui ne permettent
cependant pas de dire qu’elle est définitivement éteinte. Les manifestations de
1984 et de 1994 ne révèlent-elles pas une mémoire encore en éveil ? Et le
débat lui-même réapparaît en se déplaçant comme le prouve la question du port
du voile, engendrant de façon inattendue une alliance entre les milieux de
droite et de gauche pourtant adversaires de toujours dans la lutte pour la
laïcité. Comme souvent, en sortant de l’hexagone nous comprenons mieux nos
problèmes, dans leur spécificité et dans leur universalité. D’autant que
l’expansion de nouveaux intégrismes repose la question de la laïcité.
C’est
question de la laïcité revient donc au niveau du port du voile. Le voile, signe
religieux assez ostentatoire devrait-il être interdit ou toléré ?
Que dit la loi ?
A l'école non,
à l'université oui
Premier point à souligner : aucun
texte n'interdit le port de signes religieux dans un espace public autre que
les établissements scolaires. La dernière loi votée en 2010 interdit en
effet de revêtir en public (dans les transports en commun, les musées, les
hôpitaux...) une tenue "dissimulant le visage" (burqa, niqab, mais
aussi masque ou cagoule). Mais le port du voile en tant que signe religieux
n'est prohibé qu'au sein de l'école, par une précédente loi votée en 2004 .
Celle-ci stipule que "le
port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une
appartenance religieuse tels que le voile islamique, quel que soit le nom qu'on
lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive est
interdit". Cette interdiction ne remet toutefois "pas en cause le
droit des élèves de porter des signes religieux discrets". Surtout, elle ne
s'applique que dans l'enseignement public primaire et secondaire (collège et
lycée). Mais pas aux établissements d'études supérieures et à l'université.
Pourquoi le port du voile devrait-être prohibé ?
Les arguments des opposants au port du voile :
- Le principe
de laïcité n'est pas compatible avec ce qui est considéré comme un
instrument de prosélytisme.
- Le
voile est considéré comme un symbole d'oppression, de soumission de la
femme et "un moyen collectif de perpétuer l'inégalité entre les
sexes. Il est donc contraire aux valeurs de la France, pays d'égalité et
des droits de l'Homme.
- L'école
est, conformément à sa vocation, le lieu de formation, d'éducation des
futurs citoyens pour les préparer à vivre dans une société laïque dans le
respect de la liberté religieuse.
"A l'école, il y a des élèves et non des petits juifs, musulman, chrétiens ou athées. Ils sont là pour s'instruire et devenir des hommes libres… à tout point de vue." (Henri Pena-Ruiz / philosophe) - La loi
de 1905 est censée régler définitivement la séparation de l'état et du
religieux et par voie de conséquence proscrire le port de signes religieux
dans les lieux publics comme l'Ecole.
"Lutter contre le
voile à l'école ou sur la carte d'identité, ce n'est pas attaquer la religion.
Le défendre en revanche, c'est remettre en question l'égalité des hommes et des
femmes. Un proverbe dit qu'en cas de grand danger le chemin du milieu mène
droit à la mort. Autrement dit, si on commence à négocier, nous sommes
fichus."
(Wassilia Tamzali, présidente du Forum des Femmes Méditerranée - Algérie)
(Wassilia Tamzali, présidente du Forum des Femmes Méditerranée - Algérie)
Pourquoi l’interdiction du port du voile est-il
discutable ?
Les arguments de ceux qui sont contre son interdiction
:
- Le
risque est grand d'en faire un symbole de résistance, face à ce qui serait
considéré comme une attaque envers une communauté.
- La
proportion des jeunes filles voulant porter le voile en classe est infime.
Ce n’est pas en voyant quelques voiles que l’on devient musulman.
- En
Algérie, pendant la colonisation, la République française acceptait d'enseigner
aux jeunes filles arabes en tenue traditionnelle avec le voile islamique.
- La
réaction des enseignants et des médias trouve son origine dans un
inconscient collectif se mêlant à l'objectivité historique (rivalité
islam/christianisme, peur de l'invasion, racisme...).
- La
laïcité n'est pas la vraie raison de ceux qui veulent interdire le voile à
l'école. En effet :
- le port de la croix chrétienne ou de l'étoile de David est acceptée,
- le calendrier scolaire est organisé en fonction de la tradition chrétienne (mercredi après-midi pour le catéchisme, congés autour des fêtes religieuses)
- L'école privée catholique reçoit des subventions;
La vraie raison est que l'islam est considéré comme la "mauvaise" religion". - Exclure
les jeunes filles portant le foulard, c'est les condamner à rester dans
leur milieu d'origine où la pression intégriste sera encore plus forte ou
à poursuivre leur scolarité dans une école réservée aux musulmans. Les
scolariser, c'est leur apporter une ouverture sur le monde. Les exclure de
l'école, c'est les jeter dans bras des intégristes.
- Le
remue-ménage médiatique sur le foulard est un faux problème qui permet
d’occulter une autre question culturelle et religieuse, plus importante :
la pratique de la circoncision, discrète, non prosélyte, ne menaçant pas
la laïcité, mais illégale en France.
- L'amalgame
islam / monde arabe risque d'exacerber le racisme. Le port du voile est
une réaction à cette pression hostile. Interdire le port du voile favorise
donc le cercle infernal "repli communautaire" -
"racisme".
Pour le
conseil d'état, (avis du
27/11/1989) le port de signes religieux n'est pas incompatible avec le principe
de laïcité, sauf si c'est un acte de pression, de provocation, de prosélytisme
ou de propagande
Les avis des bloggers ne sont en aucun cas des avis universelles et ne sont pas là pour faire polémique.
Cordialement
La direction
L’avis de Grego :
Pour moi, je pense que le port du voile devrait être toléré dans les espaces privés ou dans les parcs mais je pense qu’on devrait les interdire dans les écoles, universités… car cela reste un signe d’appartenances ostentatoires fortes et les lieux tels que l’université est un lieu d’apprentissage. Si dans certains lycées, on a un uniforme alors pourquoi accepter le voile ? Cependant dans les espaces publics comme au parc, au cinéma, les parcs d’attraction on pourrait autoriser le voile.
En résumé pour moi, chez soi, dans des lieux
privés ou dans la rue, ou à la limite dans les parcs chacun a le droit de
s'habiller comme il le souhaite. Par contre, dans des lieux publics tels que
les aéroports ou les écoles, la neutralité de l'Etat doit être assurée. Porteuse
de valeurs universelles, l'école doit ouvrir l'horizon et apprendre aux élèves
à vivre ensemble, malgré les différences, et à lutter contre la tendance à
privilégier ce qui divise. Les signes d'appartenance à une religion ou à une
communauté, n'y ont donc pas leur place.
L’avis
d’Alex :
Selon moi, le port du voile subit
une petite forme de discrimination. En effet comme nous le disons plus haut,
les signes religieux comme l’étoile de David ou encore la croix de Jésus sont
tolérées dans nos établissements alors la question est pourquoi ne pas tolérer
ce signe religieux alors que les autres le sont. Alors je conçois que pour "des raisons de sécurité" le
voile ne devrait pas cacher l’identité de ceux qui le porte, cependant on ne
devrait pas interdire de le porter de sorte à ce que celui-ci ne cache pas l’identité
du porteur ; sincèrement je pense que niveau restriction pour le port du
voile le fait qu’il cache l’identité devrait être la seule restriction valable.
Nous parlons donc de laïcité dont le principe je le rappelle est de ne favoriser
aucune religion alors qu’au niveau des ports de signes religieux les Chrétiens
ainsi que les Juifs restent avantagés par rapport aux Musulmans. Alors si nous
voulons parler d’un état laïc il faudrait que tout le monde soit au même niveau.
C’est à dire que si les Chrétiens et les Juifs ont une tolérance sur le port de
leurs signes religieux, il devrait être de même avec les Musulmans ; de
même que si les Musulmans n’ont aucune tolérance du port il devrait être de
même avec les Chrétiens et les Juifs.
Source : atheisme.free.fr / lci.fr
Source : atheisme.free.fr / lci.fr
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