L'Assistance médicale à la procréation (AMP), un enjeu bioéthique




Qu'est-ce que la AMP ?

L'assistance médicale à la procréation (AMP) (également appelée procréation médicalement assistée ou PMA) permet à un couple diagnostiqué infertile d'avoir un enfant. Pour cela, elle utilise différentes méthodes, comme la fécondation in vitro (FIV) ou l'insémination artificielle, l'objectif étant de permettre la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule afin de débuter une grossesse. En France, 22 401 bébés sont nés grâce à la PMA en 2010. La PMA s'adresse aux couples hétérosexuels mariés ou vivant ensemble et en âge légal de procréer.

Comment ça marche ?

 Principe de l'AMP

En quoi représente un enjeu bioéthique ?

Parmi les questions qui apparaissent dans le champ de la bioéthique, la plus difficile est sans doute celle qui touche à ce qu’on appelle l’assistance médicale à la procréation (AMP). Quoi de plus légitime en effet que ce désir d’enfant, et comment ne pas comprendre qu’un couple veuille employer tous les moyens mis à sa disposition pour satisfaire ce légitime désir. De plus, il en résulte non pas un mal, comme c’est le cas lorsque l’on parle de l’euthanasie ou de la recherche sur l’embryon, mais un grand bien qui est l’enfant.

Cette assistance peut prendre des formes diverses. De la simple stimulation ovarienne à la Gestation pour Autrui (GPA), en passant la l’insémination et la fécondation in vitro, homologue ou non. C’est lorsque l’acte technique vient se substituer à l’acte du don conjugal que notre conscience doit s’interroger.

Ces diverses techniques soulèvent en effet de vrais problèmes, de façon plus ou moins forte selon la relation qu’elles entretiennent à l’enfant, mais aussi aux époux. Il est nécessaire d’abord de considérer ces problèmes éthiques avec une conscience ouverte, ensuite de différencier ces problèmes qui n’ont pas tous le même poids, et enfin surtout de ne pas juger pour autant les couples qui ont recours à ces méthodes comme s’ils étaient de mauvais parents pour autant.

D’abord donc la relation à l’enfant. La très classique distinction entre droit de l’enfant et droit à l’enfant nous replace devant le fait que la dignité d’une personne, en particulier d’un enfant, réclame de n’être jamais considérée comme un dû, mais toujours comme un don. Cette attitude est particulièrement manifeste dans l’adoption, par exemple. Or on voit bien le danger qu’il y a à « demander » un enfant au scientifique, et tous les dangers qui pèsent sur un enfant qui ne répondrait pas aux critères promis par le tri qui lui aura valu d’être jugé digne de naître ?

Ensuite la relation aux époux, et la relation conjugale qui est le lieu ni de la création ni de la production, mais de la procréation.

Cela n’est pas anodin : la relation procréatrice est une union entre des personnes signifiée par et dans une union des corps, dans laquelle est possible l’apparition d’une vie. Celle-ci n’est pas produite avec la certitude que donne la technique, ce qui conditionne une certaine attitude par rapport à l’enfant.

Naître d’une relation interdit à l’un des parents de s’approprier l’enfant et institue la relation au fondement de notre être, au lieu de la décision et du pouvoir.

Elle est procréatrice et non pas créatrice. Ni l’un ni l’autre, ni même les deux époux ensemble ne créent l’enfant. Ils accueillent une vie qu’ils n’ont pas produite, ni même parfois voulue ou désirée.

La GPA en particulier invite à une réflexion sur le caractère sexuel de cette relation, et donc  sur la signification de la sexualité humaine. En effet, elle n’est possible que parce que nous avons admis la rupture entre sexualité et procréation, en décidant par nous même qu’en isolant la sexualité de la reproduction nous pourrions disposer de son sens. Or d’une part il est possible que la sexualité ne soit plus tout à fait compréhensible sans son ouverture à la vie, mais surtout que la sexualité ait encore un sens en plus de cette relation à la procréation.

Enfin, ces diverses techniques ouvrent la porte à des questions qui, si elles ne concernent pas toutes nécessairement les époux, sont cruciales : Anonymat, responsabilité, filiation, structure familiale.

Anonymat d’abord, parce qu’il faudra traiter la question de savoir si le droit de savoir doit primer sur celui de s’effacer.  Responsabilité, dans le sens où nous ignorons au fond ce que donne un donneur de gamètes. Filiation également, puisqu’il faudra articuler la filiation biologique et les diverses « filiations » artificiellement créées. Enfin structure familiale, puisque l’AMP intéresse fortement les couples de personnes de même sexe.  Il se pourrait donc que l’AMP soit une sorte de boîte de Pandore, devant laquelle une grande prudence s’impose.

Quelques chiffres :


Source : clinique-convert-bourg-en-bresse.ramsaygds.fr / sante-medecine.journaldesfemmes.fr / inserm.fr

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